La prévalence de la prématurité et de l’hypotrophie néonatale est plus élevée dans les pays sous-développés. Une récente étude a précisé le lien entre le microbiote maternel fécal et l’âge gestationnel, le poids de naissance et la croissance néo-natale au Zimbabwe. Il a été démontré que la colonisation à Blastoscystis sp, Brachyspira sp, et Treponème était plus importante dans cette population que dans les pays développés (Ethan Gough et al., EBioMedicine 2021).
D’autres éléments suggèrent le rôle du microbiote intestinal maternel dans le développement psychologique du nourrisson et de l’enfant. Un régime riche en graisses induit des modifications du microbiote intestinal maternel dans un modèle murin, et diminue en particulier l’abondance de la flore de Lactobacillus r., entraînant la baisse des taux d'ocytocine hypothalamiques de la descendance, et affectant négativement son comportement social (Shelly Buffington et al, Cell 2016). Aussi, il a été démontré récemment que les espèces Lachnospiraceae et Ruminococcaceae producteurs de butyrate étaient plus importantes chez les mères d’enfants ayant un comportement normatif (Samantha Dawson et al., EBioMedicine 2021).
Par ailleurs, il a longtemps été affirmé que le microbiote digestif du nourrisson était constitué durant le travail, via le microbiote vaginal maternel, puisque les nouveau-nés par césarienne présentaient des caractéristiques sensiblement différentes du microbiote intestinal durant la petite enfance, par rapport aux nouveau-nés par voie basse (plus faible abondance de Bacteroides observée chez les nouveau-nés par césarienne). Cette théorie est remise en question suite à de récentes études. Caroline Mitchell et al. (Cell Reports Medicine, 2020) a comparé le microbiote de nourrissons nés par voie basse ou par césarienne programmée, avec des nourrissons nés par césarienne urgente. Les nourrissons nés par césarienne avaient des taux détectables de Bacteroides au cours de premiers jours de vie mais bien plus faibles après deux semaines de vie. Après avoir comparé le microbiote des nourrissons et la flore bactérienne d’échantillons maternels vaginaux ou rectaux, les auteurs ont confirmé que la transmission bactérienne mère-enfant avait été réalisée par voie basse, mais que l’origine maternelle semblait rectale plutôt que vaginale.
Le microbiote humain est un écosystème complexe, sous l’influence de nombreux facteurs génétiques et environnementaux. Il est désormais démontré que le microbiote maternel influence la grossesse, le développement fœtal voire plus généralement la santé durant la petite enfance. Les mécanismes physio-pathologiques restent néanmoins encore incertains.
Source(s) :
The Lancet, publié le 01/09/21 ;
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