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Parmi les perturbateurs endocriniens, les phénols constituent une classe importante. Dans cette étude sont pris en compte sept phénols : le méthylparabène, le propylparabène, le butylparabène, le triclosan, la benzophénone-3, le 2,4-dichlorophénol et le 2,5-dichlorophénol. Des composés qui se retrouvent dans de nombreux produits du quotidien (aliments, cosmétiques, produits d’hygiène et de soin, produits pharmaceutiques, …).  

Alors que l’impact sur la reproduction du bisphénol A a fait l’objet de multiples études, les autres phénols ont été peu étudiés et les études disponibles sont assez limitées en termes d’interprétation des résultats. Parallèlement, l’infertilité est en hausse dans de nombreux pays, et environ 30 % des cas restent inexpliqués. Si plusieurs facteurs peuvent expliquer la baisse de la fertilité (recul de l’âge de la première grossesse, surpoids et obésité, tabagisme, IST, stress, …), l’impact des facteurs environnementaux reste à explorer, notamment l’effet des perturbateurs endocriniens.  

Cette nouvelle étude s’est intéressée à évaluer la variabilité intra-individuelle et inter-individuelle des concentrations urinaires des sept phénols au cours du cycle menstruel et au début de la grossesse. L’objectif est d’estimer le rôle de ces sept phénols sur la fécondité et le risque de fausse couche précoce.  

L’étude a porté sur des échantillons urinaires, collectés quotidiennement, sur une cohorte de 221 femmes ayant un projet de conception naturelle (sans recours à des techniques de PMA) entre 1982 et 1986. Au total, les données ont concerné 706 cycles menstruels, au cours desquels sont survenus :  

- 135 naissances d’enfants vivants ; 
- 15 fausses couches cliniques ;
- 48 fausses couches précoces (moins de 42 jours après le dernier cycle menstruel).  

L’analyse des échantillons urinaires révèle que le risque de fausse couche précoce augmente avec les concentrations de 2,5-dichlorophénol. Par ailleurs, les chances de conception par cycle menstruel étaient augmentées avec des concentrations supérieures de butylparabène et de triclosan, par rapport aux concentrations non détectables de ces deux phénols. Le risque de fausse couche précoce ou les chances de conception par cycle menstruel n’étaient pas significativement impactés par les concentrations des autres phénols pris en compte dans l’étude.  

Cette étude met en évidence deux effets potentiels de certains phénols sur la fécondité et le risque de fausse couche précoce. En revanche, elle ne prend pas en compte l’influence des niveaux de phénols chez l’homme, qui pourrait impacter la fécondité, au travers de l’effet des phénols sur les spermatozoïdes. Les résultats sont par ailleurs limités en raison de la faible taille de l’échantillon et notamment du petit nombre de fausses couches précoces analysées. L’intérêt de cette nouvelle étude est d’avoir pris en compte des prélèvements quotidiens, qui sont un reflet plus fidèle de l’exposition aux phénols, que des prélèvements ponctuels à un temps donné. Ce type de démarche est à reprendre dans les futures études sur l’impact des perturbateurs endocriniens, phénols ou autres, sur la fécondité, la grossesse et plus généralement la fonction reproductive. La contribution de ces perturbateurs endocriniens sur la fonction reproductive est importante à déterminer, compte-tenu de la hausse de l’infertilité et du poids qu’elle représente à la fois pour les couples (avec des conséquences physiques et psychologiques importantes) et pour le système de santé (avec un recours croissant aux techniques de PMA).  

Source(s) :
Ana K Rosen Vollmar and al. Urinary phenol concentrations and fecundability and early pregnancy loss. Human Reproduction, November 8, 2022. ;

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