17/02/2022
La supplémentation vitaminique D et oméga-3 en prévention des maladies auto-immunes ?
Médecine Générale
Les maladies
auto-immunes constituent la troisième cause de morbidité dans les pays
industrialisés et une cause croissante de mortalité chez les femmes. Les
supplémentations vitaminiques D et oméga-3 suscitent un intérêt particulier en
lien avec les mécanismes physiopathologiques de ces atteintes inflammatoires
systémiques. In vitro, la forme active de la vitamine D (1,25-hydroxyvitamine
D) régule les gènes impliqués dans l’inflammation et la réponse immunitaire.
Des modèles animaux ont rapporté une efficacité de la vitamine D pour limiter
la progression de la maladie auto-immune, résultats controversés dans des
études observationnelles. Quant à la prophylaxie de ces maladies via la
supplémentation vitaminique D et/ou oméga-3, celle-ci n’a pas été étudiée dans
des études cliniques de haut niveau de preuve scientifique.
Les effets
d’un apport en vitamine D et/ou acides gras oméga-3 sur l’incidence à long
terme des maladies auto-immunes (incluant polyarthrite rhumatoïde, pseudopolyarthrite
rhizomélique, pathologie thyroïdienne auto-immune et psoriasis) ont été
rapportés dans the British Medical Journal. Ces données ont été
issues d’un large essai randomisé contre placebo, en double aveugle, réalisé
aux Etats-Unis (VITAL). Au total, 25 871 participants, d’âge
moyen 67,1 ans ; ont été inclus et randomisés ainsi :
- Un
groupe traité avec de la vitamine D (2 000 UI/j) comparé à un groupe
placebo ;
- Un groupe traité avec des acides gras oméga-3 d’origine marine sous forme de compléments alimentaires (1 000 mg/j) comparé à un groupe placebo ;
- Un groupe traité avec des acides gras oméga-3 d’origine marine sous forme de compléments alimentaires (1 000 mg/j) comparé à un groupe placebo ;
Le suivi
médian a été de 5,3 années. La supplémentation vitaminique D pendant
5 ans a réduit l’incidence de maladies auto-immunes de 22% (HR : 0,78
; IC 95 % : 0,61 à 0,99). La supplémentation en oméga-3 a réduit quant à
elle l’incidence de 15% (néanmoins sans significativité statistique). L’incidence
cumulée de maladies auto-immunes sur les 5 années était plus basse dans le
groupe traité que dans le groupe placebo, pour chaque bras. Les auteurs
précisent par ailleurs que les effets de la supplémentation vitaminique D ou
par acides gras oméga-3 sont plus prononcés deux ans après l’initiation du
traitement. L’incidence des maladies auto-immunes est diminuée de 39% dans
le groupe recevant la vitamine D versus placebo (p=0,005), et de 10% dans le
groupe oméga-3 versus placebo (p=0.54). Chez les individus ayant reçu à la fois
une supplémentation vitaminique D et oméga-3, l’incidence de maladies auto-immunes
était diminuée de 30% versus placebo.
D’après les
auteurs, ces résultats seraient donc en faveur d’un bénéfice de la
supplémentation vitaminique D et oméga-3 à 5 ans chez des individus âgés sur la
réduction de l’incidence des maladies auto-immunes en comparaison à l’absence
de supplémentation. L’impact clinique de ces résultats pourrait être
conséquent étant donné la bonne tolérance et le profil de sécurité de ces
traitements aux doses recommandées, et le peu d’alternatives
thérapeutiques actuelles en prophylaxie de ces pathologies.
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