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24/04/2025

Un vaccin au pas de course ?

Infectiologie

#PfSPZ #Vaccination #Paludisme #Malaria #Immunogénicité


En 2023, le paludisme a touché plus de 263 millions de personnes dans le monde et entraîné près de 600 000 décès, selon l’OMS. Des chiffres alarmants, demeurés quasiment stables depuis une décennie, qui illustrent l’essoufflement des efforts mondiaux pour éliminer cette maladie parasitaire, malgré des investissements massifs. Si le développement de vaccins antipaludiques constitue une avancée scientifique indéniable, leur impact reste largement insuffisant. À titre d’exemple, les vaccins RTS,S/AS01 et R21/Matrix-M, bien qu’efficaces contre les formes graves chez les jeunes enfants, restent limités : leur protection contre l’infection est faible, s’atténue rapidement, nécessite plusieurs doses et montre peu d’efficacité chez les adultes. Ces faiblesses réduisent fortement leur potentiel dans une stratégie d’éradication et soulignent la nécessité de solutions plus performantes.

Dans ce contexte, l’OMS a récemment haussé ses exigences, appelant au développement de vaccins capables d’atteindre au moins 90 % d’efficacité. L’objectif est clair : cibler toutes les classes d’âge et renforcer les campagnes de vaccination de masse pour tendre vers l’élimination.


C’est dans ce contexte exigeant que le PfSPZ Vaccine attire une attention croissante. Conçu à partir de sporozoïtes vivants, mais irradiés pour en bloquer la réplication, ce vaccin repose sur une approche radicalement différente des vaccins classiques à base de protéines recombinantes. En incluant des milliers d’antigènes parasitaires, le PfSPZ pourrait offrir une protection plus large et plus durable, y compris contre les souches génétiquement divergentes. Plusieurs essais cliniques menés en Afrique et en Europe ont déjà démontré sa capacité à induire une immunité stérile, notamment chez des adultes naïfs ou semi-immuns. Le défi désormais : valider cette efficacité dans un format simplifié, plus adapté aux contraintes opérationnelles des zones endémiques.
 


Deux doses, ça suffit ?


L’essai USSPZV7 a été mené auprès de 31 adultes n’ayant jamais été exposés au paludisme afin d’évaluer un schéma vaccinal condensé du vaccin PfSPZ. Ce protocole prévoyait deux doses administrées à une semaine d’intervalle (J1 et J8), suivies d’un rappel à J29.

Sur le plan immunologique, les travaux démontrent que la réponse est significativement homogène. 96 % des participants ont produit des anticorps IgG et IgM dirigés contre la protéine circumsporozoïte de Plasmodium falciparum, avec des niveaux multipliés par 99 pour les IgG et 1 110 pour les IgM, seulement une semaine après la seconde dose.


Le vaccin présente également un bon profil de tolérance. Aucun effet indésirable grave n’a été observé. Les effets secondaires rapportés étaient modérés, transitoires et typiquement caractérisés par une fatigue, une fièvre subjective ou des douleurs musculaires, disparaissant spontanément en moins de 24 heures. Leur fréquence n’était pas supérieure à celle observée dans le groupe placebo, validant la sécurité du vaccin dans un schéma d’administration intensifié. La majorité de ces effets sont survenus après la deuxième dose, un phénomène déjà documenté dans d’autres études portant sur des protocoles multi-doses rapprochés. Toutefois, aucune corrélation statistiquement significative n’a été établie entre ces réactions et l’intensité de la réponse immunitaire. La réactogénicité ne constitue donc pas un indicateur fiable de l’efficacité immunologique.
 

À lire également : Vaccin vs CPS : match ou duo ?


Vacciner vite, vacciner bien ?


Le paludisme, maladie parasitaire transmise par les moustiques, reste l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans de nombreuses régions tropicales. Malgré les outils actuels de prévention et de traitement, les progrès dans la réduction de l’incidence stagnent. Le défi est donc double. Développer des vaccins plus efficaces que ceux déjà disponibles ; tout en proposant des stratégies d’administration simples, rapides et adaptées aux contextes à haut risque.


L’étude USSPZV7 avait pour objectif d’évaluer la sécurité, la tolérance et l’immunogénicité d’un schéma condensé du vaccin PfSPZ, administré par injection intraveineuse directe selon un protocole accéléré. Les résultats issus des deux premières doses sont encourageants. Le vaccin est bien toléré, sans effets secondaires graves, et induit une réponse immunitaire robuste chez les participants.


Le profil de sécurité et l’immunogénicité démontrée positionnent le PfSPZ Vaccine comme une option prometteuse, notamment pour les voyageurs ou dans le cadre de campagnes ciblées d’élimination. Sa facilité de programmation en calendrier court pourrait faciliter sa mise en œuvre opérationnelle dans les environnements logistiques contraints. La prochaine étape consistera à tester ce schéma dans des essais plus vastes, intégrant des populations diversifiées — notamment des enfants — et des zones endémiques. Si son efficacité clinique se confirme, cette stratégie d’immunisation accélérée pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte mondiale contre le paludisme.
   




Source(s) :
Berry, A. A., et al. (2025). Safety, tolerability and immunogenicity of a condensed, multi-dose prime regimen of PfSPZ Vaccine for the prevention of Plasmodium falciparum malaria infection. Malaria journal, 24(1), 88. ;

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