03/03/2022
Médecine Générale
Endocrinologie et Métabolisme
Une durée
insuffisante de sommeil a été reconnue comme un facteur de risque d'obésité. A
ce jour, il n’est pas démontré si au contraire l'allongement de la durée du
sommeil pourrait atténuer ce risque.
Un essai
clinique randomisé, monocentrique, a été mené de 2014 à 2020, avec pour
objectif de déterminer les effets d'une intervention de prolongation du sommeil
sur l'apport énergétique, la dépense énergétique et le poids corporel. Tous
ces effets ont été évalués en conditions de vie réelle, chez des
adultes en surpoids ayant pour habitude de réduire leur durée de sommeil. Les
patients inclus étaient âgés de 21 à 40 ans, avaient un indice de masse
corporelle compris entre 25,0 et 29,9 kg/m2 et une durée habituelle de
sommeil inférieure à 6,5 heures par nuit depuis au moins 6 mois. Ceux ayant
une apnée obstructive du sommeil, une insomnie ou tout autre trouble du
sommeil, ou un travail de nuit étaient exclus de l’étude. Les résultats de
cette étude ont fait l’objet d’une publication récente dans le JAMA Internal
Medicine.
Après 2
semaines d’observation en conditions habituelles, les participants ont été
randomisés en deux groupes : un premier groupe de patients bénéficiant
d’une séance individualisée d’éducation sur l'hygiène du sommeil visant à
prolonger leur temps de sommeil à 8,5 heures (groupe prolongation du sommeil) ;
un second groupe poursuivant les habitudes en termes de sommeil nocturne
(groupe témoin). Tous les participants ont été invités à poursuivre leurs
activités quotidiennes de routine, indépendamment d’une prescription diététique
et/ou d’activité physique. Le critère de jugement principal était la
variation de l'apport énergétique à deux semaines d’intervention,
objectivement évaluée à partir de la dépense énergétique totale et des
variations des réserves énergétiques corporelles. La dépense énergétique totale
a été mesurée par la méthode de l'eau doublement marquée. Les variations des
réserves énergétiques corporelles ont été calculées à l'aide des variations des
poids quotidiens à domicile et des changements de composition corporelle. La
durée du sommeil a été suivie par actigraphie.
Les données
de
80 participants (âge moyen 29,8ans, hommes 51,3 %) ont été analysées.
La durée du sommeil a été augmentée d'environ 1,2 heures par nuit (IC 95 % :
1,0 - 1,4 heures ; p < 0,001) dans le groupe prolongation du sommeil par
rapport au groupe témoin. Ce groupe prolongation du sommeil avait par
ailleurs
une diminution significative de l'apport énergétique quotidien en
comparaison au groupe témoin (−270 kcal/j ; IC 95 % : −393 à −147 kcal/j ;
p < 0,001). Les variations de durée du sommeil étaient inversement
corrélées aux variations d'apport énergétique (r = -0,41 ; p < 0,001). Aucun
effet significatif n'a néanmoins été mis en évidence sur la dépense énergétique
totale, résultant d’une réduction de poids dans le groupe prolongation du
sommeil versus témoin.
Les
résultats de cet essai ont
révélé que la prolongation du sommeil réduisait l'apport énergétique et
entraînait un bilan énergétique négatif en conditions de vie réelle chez les
adultes en surpoids qui avaient pour habitude de réduire leur durée de sommeil.
L'amélioration et le maintien d'une hygiène de sommeil sur de plus longues
périodes pourraient intégrer les programmes de prévention de l'obésité et de
perte de poids.
Source(s) :
Tasali E et al. Effect of Sleep Extension on Objectively Assessed Energy Intake Among Adults With Overweight in Real-life Settings: A Randomized Clinical Trial. JAMA Intern Med. 2022 Feb 7 ;