Précédent

Vaccin COVID et grossesse : pari tenu ?

Santé publique et médecine sociale

#grossesse #COVID-19 #vaccination #SécuritéVaccinale #SARS  

 
Les femmes enceintes présentent un risque accru de complications graves lorsqu’elles contractent le SARS-CoV-2. L’infection peut entraîner des issues défavorables telles que la prématurité, la nécessité d’une hospitalisation en soins intensifs, et dans les cas les plus graves, le décès de la mère ou du nouveau-né. Cette vulnérabilité s’explique par les modifications immunologiques et physiologiques liées à la grossesse, qui exposent davantage les femmes enceintes aux infections respiratoires sévères et à leurs conséquences.

Malgré cette réalité, la couverture vaccinale chez les femmes enceintes demeure insuffisante au niveau mondial. Ce déficit s’explique principalement par l’absence de données initiales concernant la sécurité et l’efficacité des vaccins anti-COVID-19 chez la femme enceinte. Les essais cliniques réalisés lors du développement des vaccins ont systématiquement exclu cette population, générant des incertitudes et des hésitations à la fois du côté des patientes et des professionnels de santé. Ce manque de données retarde la formulation de recommandations claires et freine la confiance dans la vaccination, alors même que les risques de complications restent majeurs.

Dans ce contexte, ces travaux étudient la sécurité et l’efficacité des vaccins COVID-19 administrés pendant la grossesse ; l’objectif étant d’apporter des réponses fondées sur des preuves actualisées, pour mieux guider les recommandations, rassurer les femmes enceintes et améliorer leur niveau de protection contre le COVID-19.  


Grossesse vaccinée, bébé protégé ?


Dans cette optique, 177 études totalisant plus de 630 000 femmes enceintes issues de 41 pays ont été sélectionnées puis analysées. Tous les types de vaccins reconnus (mRNA, vecteur viral, virus inactivé) ont été inclus.

Les travaux démontrent que la vaccination contre le COVID-19 chez la femme enceinte n’augmente pas le risque d’événements indésirables maternels ou néonataux (fausse couche, diabète gestationnel, hypertension, anomalies congénitales ou prématurité, etc.). A contrario, une réduction du risque de mortinaissance (jusqu’à –75 % avec les vaccins mRNA ou à vecteur viral) et de césariennes en urgence a été observée.


Concernant l’innocuité du vaccin, les effets indésirables observés sont essentiellement locaux (douleur au point d’injection) ou bénins (fatigue, céphalées), et leur fréquence reste similaire, voire moindre, chez la femme enceinte par rapport à la population générale. Les effets indésirables sévères restent exceptionnels.

Concernant l’efficacité, la vaccination mRNA pendant la grossesse réduit nettement le risque de COVID-19 symptomatique, de forme grave ou nécessitant une hospitalisation chez la mère (efficacité de 72 à 82 %). La protection est aussi partiellement transférée au nourrisson. Une diminution des hospitalisations pour COVID-19 dans les six premiers mois de vie est en effet observée. L’efficacité globale est moindre pour les vaccins non-mRNA et en période de prédominance du variant Omicron, mais le bénéfice reste notable.  


Mères vaccinées, risques écartés !


La COVID-19 expose les femmes enceintes à un risque élevé de complications sévères, tant pour la mère que pour le nouveau-né. Malgré l’ampleur du problème, la vaccination pendant la grossesse reste sous-utilisée, en partie à cause du manque initial de données spécifiques, de la circulation de variants émergents et des hésitations persistantes autour de la sécurité vaccinale dans cette population.

L’objectif de cette revue était d’évaluer, de façon actualisée, l’efficacité et la sécurité des vaccins contre la COVID-19 administrés pendant la grossesse, afin d’orienter les pratiques cliniques et de renforcer la prévention des formes graves. Les résultats confirment que la vaccination protège efficacement les femmes enceintes contre les formes graves de COVID-19 et diminue le risque de complications chez le nourrisson, sans augmenter les événements indésirables obstétricaux ou néonatals. L’effet bénéfique est particulièrement marqué face aux variants Alpha et Delta.

Cependant, la généralisation de ces résultats est freinée par la prédominance d’études observationnelles, l’hétérogénéité des protocoles, le manque d’essais randomisés, et la sous-représentation des pays à ressources limitées ou des vaccins non-mRNA. La baisse d’efficacité observée avec le variant Omicron souligne aussi l’importance de rappels vaccinaux et d’un suivi prolongé.

Il est donc crucial de poursuivre la recherche, d’élargir les études à des contextes variés, et d’actualiser en continu les recommandations pour garantir la meilleure protection possible aux femmes enceintes. Optimiser la prévention vaccinale pendant la grossesse doit rester une priorité pour limiter la mortalité maternelle et néonatale et offrir aux mères et à leurs enfants les meilleures chances de traverser la pandémie en sécurité.

À lire également : 



Source(s) :
Ciapponi, A., et al. (2024). Safety and Effectiveness of COVID-19 Vaccines During Pregnancy: A Living Systematic Review and Meta-analysis. Drug safety, 47(10), 991–1010 ;

Dernières revues


Vaccin COVID et grossesse : pari tenu ?

#grossesse #COVID-19 #vaccination #SécuritéVaccinale #SARS

Grossesse sous surveillance : infections, qui protège vraiment ?

#Infection #Grossesse #Immunisation #Immunité #Vaccination &nbsp...

ACT à la rescousse !

 #PaludismePost-Partum #PréventionDuPaludisme #Risqu...