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Fibres et reins : la solution cachée ?

Néphrologie

#Fibre  #ToxinesUrémiques  #Inflammation  #Microbiote  #Nutrition  #MaladieRénale  #Dialyse  


Les patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC) souffrent souvent d’un déséquilibre du microbiote intestinal, appelé dysbiose. Cette perturbation favorise la prolifération de bactéries qui dégradent les protéines alimentaires et produisent des toxines urémiques (p-crésyl sulfate, indoxyl sulfate, TMAO). Comme les reins ne peuvent pas les éliminer efficacement, ces toxines s’accumulent dans l’organisme, entraînant une inflammation chronique et aggravant la progression de la maladie.


Cette inflammation systémique est un facteur clé du déclin de la fonction rénale et du développement de complications cardiovasculaires, principale cause de mortalité chez les patients atteints d’IRC. Les toxines urémiques perturbent la santé des vaisseaux sanguins, favorisent l’athérosclérose et augmentent le risque d’insuffisance cardiaque et d’infarctus du myocarde.


Aujourd’hui, la prise en charge nutritionnelle de l’IRC se concentre sur la restriction des protéines, du sodium, du potassium et du phosphore, mais le rôle des fibres alimentaires reste largement sous-estimé. Certaines fibres fermentescibles favorisent la croissance de bactéries bénéfiques comme Bifidobacterium et Lactobacillus. Elles produisent des acides gras à chaîne courte, qui ont des effets anti-inflammatoires. Elles aident à réduire les toxines urémiques en limitant la fermentation des protéines.


L’intégration d’une alimentation riche en fibres pourrait ainsi être une stratégie prometteuse pour réduire l’inflammation, ralentir la progression de l’IRC et améliorer la santé cardiovasculaire des patients. Cependant, leur impact en néphrologie reste encore peu exploré. Cette étude explore leur potentiel et souligne la nécessité de recherches supplémentaires pour mieux déterminer les types et les doses de fibres les plus adaptés aux patients insuffisants rénaux.
 

Les fibres : remède miracle ou simple coup de pouce ?


21 essais cliniques randomisés
, incluant 700 patients atteints d’IRC, dialysés ou non, ont été sélectionnées. Les participants ont été répartis aléatoirement en deux groupes : 


  • Supplémentation en fibres alimentaires (6 à 50 g/jour pendant plus de 4 semaines)
  • Placebo.

L’impact des fibres a été mesuré sur les toxines urémiques (p-cresyl sulfate, indoxyl sulfate, urée sanguine) et les marqueurs inflammatoires (interleukine-6, TNF-α, protéine C-réactive).


Les travaux démontrent que la supplémentation en fibres réduit significativement les niveaux de toxines urémiques et d’inflammation. Les patients ont présenté une baisse du p-cresyl sulfate (-0,22), de l’indoxyl sulfate (-0,34) et de l’urée sanguine (-0,25). Les niveaux d’IL-6 et de TNF-α ont également diminué (-0,44 et -0,34 respectivement). Ces effets bénéfiques ont été observés indépendamment du type de fibres et du statut dialytique. Cependant, aucune réduction notable du TMAO, de l’acide urique ou de la CRP ultrasensible n’a été constatée.
  

Un avenir plus sain grâce aux fibres ?


L’insuffisance rénale chronique est une maladie progressive qui altère la fonction des reins. Elle entraîne une accumulation de toxines et une inflammation chronique, augmentant le risque de complications cardiovasculaires et métaboliques.


La prise en charge nutritionnelle de l’IRC repose essentiellement sur la restriction des protéines et des électrolytes. La modulation du microbiote intestinal par les fibres alimentaires reste peu explorée. L’un des principaux défis est d’identifier des stratégies nutritionnelles efficaces pour réduire l’accumulation des toxines urémiques et limiter l’inflammation systémique, sans nuire à l’équilibre métabolique des patients.


Cette étude explore l’effet d’une supplémentation en fibres alimentaires sur les toxines urémiques et les marqueurs inflammatoires chez les patients atteints d’IRC, dialysés ou non.


Les résultats montrent que les fibres alimentaires pourraient jouer un rôle bénéfique en réduisant les niveaux de certaines toxines urémiques et des marqueurs inflammatoires, indépendamment du type de fibres et du statut dialytique. Toutefois, leur effet sur d’autres biomarqueurs reste incertain. Ces données suggèrent que l’ajout de fibres alimentaires dans la prise en charge nutritionnelle pourrait représenter une approche complémentaire prometteuse pour améliorer la santé rénale et cardiovasculaire des patients.


Pour confirmer ces résultats et intégrer les fibres dans les recommandations nutritionnelles en néphrologie, des essais cliniques de plus grande envergure, mieux standardisés et avec un suivi prolongé sont nécessaires. Une meilleure compréhension des mécanismes d’action des fibres et de leur interaction avec le microbiote intestinal pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies nutritionnelles personnalisées, adaptées aux différents stades de l’IRC.
 




Source(s) :
Wathanavasin, W., et al. (2025). Effects of Dietary Fiber Supplementation on Modulating Uremic Toxins and Inflammation in Chronic Kidney Disease Patients: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Toxins, 17(2), 57 ;

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