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Allergies : et si l’intestin tenait la clé ?

Allergologie et Immunologie

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La rhinite allergique saisonnière (RAS) est une pathologie inflammatoire chronique des voies respiratoires supérieures, médiée par une réponse immunitaire inappropriée à des allergènes environnementaux, tels que les pollens. Elle se manifeste par des symptômes typiques — éternuements, rhinorrhée, congestion nasale et prurit — qui altèrent significativement la qualité de vie. Sa prévalence, en constante augmentation, atteint aujourd’hui près de 40 % de la population mondiale, soulignant son impact majeur en santé publique et son poids économique croissant.


Les traitements classiques reposent essentiellement sur les antihistaminiques, les corticoïdes intranasaux ou encore les immunothérapies spécifiques. Bien qu’efficaces dans de nombreux cas, ces approches présentent des limites : effets secondaires, variabilité interindividuelle de la réponse, faible observance et efficacité souvent partielle sur le long terme. Cette réalité justifie la recherche de stratégies thérapeutiques complémentaires ou alternatives, notamment celles ciblant les mécanismes sous-jacents de la maladie.


Dans ce contexte, une nouvelle voie thérapeutique a émergé : la modulation du microbiote intestinal, acteur central de l’homéostasie immunitaire. Des études récentes ont en effet mis en évidence des altérations du microbiote chez les patients atteints de RAS, suggérant un lien potentiel entre dysbiose intestinale et exacerbation des symptômes allergiques.
 


Microbiote boosté, symptômes apaisés ?


Menée sur 106 patients âgés de 18 à 65 ans, l’étude a comparé un groupe recevant une supplémentation quotidienne en probiotiques (dont Bifidobacterium longum, Lactobacillus acidophilus, etc.) et en prébiotiques (fructo-oligosaccharides, inuline...) pendant 90 jours, à un groupe placebo. Les critères d’évaluation comprenaient le score total des symptômes nasaux (TNSS), des questionnaires de qualité de vie, des marqueurs immunologiques (TNF-α, INF-γ, IL-17, IgE), ainsi que l’analyse du microbiote intestinal (16S rRNA, qPCR) et de ses métabolites (acides gras à chaîne courte - SCFA).


À la fin de l’étude, les patients ayant reçu la supplémentation ont présenté une nette amélioration des symptômes de la rhinite allergique, notamment une baisse du score TNSS, de la rhinorrhée et des éternuements. Sur le plan immunitaire, les niveaux de TNF-α et d’INF-γ ont augmenté, tandis que l’IL-17 a diminué, indiquant un rééquilibrage favorable de la réponse immunitaire. En revanche, l’IL-4 et l’IgE sont restés stables.


L’intervention a aussi modifié le microbiote intestinal. Les populations de Lactobacillus, Veillonella et Bifidobacterium ont augmenté, tout comme la production d’acétate, un métabolite bénéfique pour l’immunité. Par ailleurs, plusieurs voies métaboliques impliquées dans la régulation immune — dont celles des purines, de la tyrosine et de la glycolyse — ont été renforcées. Ces changements dans la composition et le fonctionnement du microbiote sont corrélés à l’amélioration des symptômes, suggérant une action via l’axe intestin-poumons.
 


Le microbiote en première ligne


La rhinite allergique saisonnière (RAS) est une pathologie inflammatoire fréquente, déclenchée par l’exposition aux pollens et caractérisée par une réponse immunitaire exacerbée. Malgré des traitements disponibles, nombre de patients continuent de présenter des symptômes invalidants, et les solutions conventionnelles ne suffisent pas toujours à restaurer un confort durable. Dans ce contexte, cette étude visait à évaluer l’impact d’une supplémentation quotidienne en probiotiques et prébiotiques sur les symptômes de la RAS, en explorant simultanément les modifications du microbiote intestinal et les ajustements immunitaires associés.


L’intervention remodèle le microbiote intestinal, favorisant l’essor de Lactobacillus, Veillonella et Bifidobacterium, tout en stimulant la production d’acétate, un acide gras à chaîne courte aux effets immunomodulateurs reconnus. Parallèlement, des voies métaboliques clés impliquées dans la régulation de l’immunité — notamment celles des purines et de la tyrosine — ont été activées. Ces modifications de la composition et de la fonction microbienne sont étroitement corrélées à l’amélioration des symptômes, renforçant l’hypothèse d’un rôle central de l’axe intestin-poumons dans la modulation des réponses allergiques.


Cette étude renforce l’idée que le microbiote intestinal représente une cible thérapeutique prometteuse pour soulager la rhinite allergique saisonnière. L’association de probiotiques et de prébiotiques s’est révélée efficace, bien tolérée et sans effets indésirables majeurs, positionnant la modulation du microbiote comme une approche innovante dans la prise en charge des pathologies allergiques. Néanmoins, certaines limites doivent être considérées, justifiant la nécessité de poursuivre les recherches. Adapter les interventions en fonction du profil microbien individuel pourrait en améliorer l'efficacité. Des études complémentaires, de plus grande envergure et sur des durées prolongées, seront indispensables pour valider ces résultats et affiner l’identification des patients les plus répondeurs à ce type de traitement.




Source(s) :
Hou, Y. et al. (2024). Probiotics combined with prebiotics alleviated seasonal allergic rhinitis by altering […] intestinal microbiota: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled clinical trial. Frontiers in immunology, 15, 1439830 ;

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