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L’infection par le VIH demeure un défi majeur en infectiologie, en raison notamment de la persistance des réservoirs viraux, même sous traitement antirétroviral (ART). Les cellules réservoirs abritant des provirus intacts, constituent le principal obstacle à l’éradication du virus. Récemment, le rôle de l’immunité innée dans la sélection et l’évolution des cellules réservoirs, a suscité un intérêt croissant, notamment lors de l’initiation précoce de l’ART. Cette étude explore ces mécanismes précoces et leurs implications pour le contrôle du VIH.

Comprendre la dynamique des réservoirs viraux

L’étude repose sur des données issues d’un essai incluant des patients ayant initié un traitement antirétroviral dès la phase aiguë de l’infection par le VIH. Grâce à des outils avancés, comme le séquençage génomique pour identifier les provirus intacts et le profilage protéogénomique à cellule unique pour analyser les signatures phénotypiques, plusieurs résultats clés ont émergé :
  • Sélection des provirus intacts : Une intégration rapide dans des régions chromatiniennes répressives (hétérochromatine) indépendante des réponses adaptatives.
  • Signatures phénotypiques uniques : Augmentation de marqueurs d’immunité innée tels que HLA-C, HLA-G, ainsi que des récepteurs IL-10 et TGF-β, favorisant une latence profonde et une résistance accrue à l’élimination.
  • Expansion clonale précoce : Une prolifération significative des cellules réservoirs contenant des provirus intacts dès les six premiers mois de traitement, illustrant l’impact précoce de l’ART sur la dynamique des réservoirs.

L’immunité innée, un nouveau levier dans le contrôle du VIH

Ces résultats soulignent le rôle clé de l’immunité innée dans la gestion des réservoirs viraux. Exploiter ces mécanismes pourrait fragiliser les cellules réservoirs et réduire leur persistance. En plus d’ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques, ces données permettent également d’envisager une personnalisation des traitements adaptés aux spécificités immunitaires de chaque patient. Enfin, l’identification des marqueurs liés à la latence offre une opportunité pour concevoir des stratégies visant à réactiver ou éliminer ces réservoirs, avec des études cliniques prometteuses à venir.  

Source(s) :
Sun, W., et al. (2024). Footprints of innate immune activity during HIV-1 reservoir cell evolution in early-treated infection. The Journal of experimental medicine, 221(11), e20241091. ;

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