Les études ont déjà démontré l’intérêt de l’activité physique dans la gestion de la maladie de Parkinson. En revanche, l’intérêt respectif des différents types d’activités physiques reste à préciser.
Dans ce contexte, des chercheurs ont récemment mené une revue systématique de littérature pour comparer les effets respectifs de différents types d’activité physique, chez des adultes atteints de la maladie de Parkinson, sur différents paramètres : la gravité des signes moteurs, la qualité de vie, la survenue d’événements indésirables. Une recherche d’articles a été effectuée dans plusieurs bases de données (CENTRAL, MEDLINE, EMBASE, et cinq autres bases de données), registres d’essais, actes de conférence et références bibliographiques, jusqu’au 17 mai 2021. Seuls ont été inclus les essais contrôlés randomisés comparant un type d’exercice physique à un autre et/ou à un groupe témoin, chez des adultes atteints de la maladie de Parkinson.
Dans un second temps, une méta-analyse en réseau a été conduite pour classer cliniquement ces différents types d’activités.
Les interventions et leurs effets ont été classés selon la gravité des signes moteurs, la qualité de vie, la suite de la prise en charge, la mobilité fonctionnelle et l’équilibre jusqu’à 6 semaines après l’intervention. L’hétérogénéité des événements indésirables a conduit les auteurs de l’étude à évaluer la confiance dans les preuves à l’aide de l’approche GRADE.
Au total, 156 essais cliniques contrôlés randomisés, représentant un total de 7 939 adultes atteints d’une maladie de Parkinson légère à modérée, sans déficience cognitive majeure, ont été pris en compte dans la revue. D’une manière générale, le nombre de participants par étude était faible (en moyenne de 51, avec une variation de 10 à 474).
Les auteurs de la revue ont pu observer des effets bénéfiques de la plupart des types d’exercice physique étudiés, par rapport à un groupe témoin ne pratiquant pas d’exercice physique. Pour la gravité des signes moteurs, des scores ont été calculés à partir de l’échelle unifiée d’évaluation de la maladie de Parkinson (UPDRS-M) et du questionnaire 39 sur la maladie de Parkinson (PDQ-39). Des scores supérieurs indiquent un fardeau de symptômes plus élevé, tandis que la réduction des scores révèle une amélioration des signes moteurs. La méta-analyse en réseau (71 études, 3 196 participants) suggère que la danse a un effet bénéfique modéré sur la gravité des signes moteurs (différence moyenne (DM) -10,32, IC95 % -15,54 à -4,96 ; confiance élevée), de même que d’autres exercices physiques :
- Les exercices en milieu aquatique (DM -7,77, IC95 % -13,27 à -2,28, faible confiance) ;
- Les exercices de gymnastique associant des exercices d’équilibre et de démarche (DM -7,37, IC95 % -11,39 à -3,35, faible confiance) ;
- Les exercices multi-activités (DM ‐6,97, IC95 % ‐10,32 à ‐3,62 ; faible confiance).
Parallèlement, les exercices de relaxation (DM -6,57, IC95 % -10,18 à -2,81, faible confiance) et d’endurance (DM -6,43, IC95 % -10,72 à -2,28 ; confiance faible) pourraient avoir un léger effet bénéfique sur la gravité des signes moteurs.
Sur le plan de la qualité de vie, la méta-analyse en réseau (55 études, 3 283 participants) suggère que les exercices en milieu aquatique ont un effet bénéfique important (DM -14,98, IC95 % -23,26 à -6,52 ; confiance modérée). Les exercices d’endurance auraient quant à eux un effet bénéfique modéré (DM -9,16, IC95 % -15,68 à -2,82, confiance faible). Les exercices d’équilibre et de démarche (DM -5,64, IC95 % -10,04 à -1,23, confiance faible) et les exercices multi-activités (DM -5,29, IC95 % -9,34 à -1,06 ; confiance faible) n’auraient qu’un faible effet positif sur la qualité de vie. Les données pour les autres types d’activités se révélaient très incertaines en matière de preuves.
Sur l’ensemble des essais pris en compte, seulement 85 études (5 192 participants) ont fourni des données de sécurité et de tolérance, généralement uniquement pour les groupes « intervention ». Aucun événement indésirable n’a été observé dans 40 études, et dans quatre études aucun événement grave n’a été recensé. Des événements indésirables ont été relevés dans 28 études, le plus souvent des chutes (18 études), des douleurs (10 études). Mais les niveaux de preuve restent très faibles pour évaluer l’effet de telle ou telle activité physique sur la survenue d’événements indésirables.
Dans leurs conclusions, les auteurs indiquent que la majorité des activités physiques ont un effet bénéfique, plus ou moins important sur la gravité des signes moteurs et sur la qualité de vie. Les niveaux de preuve restent cependant insuffisants pour classer les différentes activités physiques entre elles, sur le plan de leur efficacité comme de leur sécurité. Le choix du type d’exercice physique serait donc secondaire, par rapport à la mise en place d’une activité physique. Des études de plus grande ampleur sont nécessaires pour classer les différentes activités physiques et pour évaluer leur intérêt chez les patients atteints de formes plus avancées, avec troubles cognitifs, de la maladie de Parkinson.