16/12/2021
Expression nasopharyngée de l’immunité innée selon l'âge : l’hypothèse selon laquelle les enfants sont protégés des formes sévères de COVID-19
Infectiologie
L'infection
par le coronavirus SARS-CoV-2 induit des symptômes très hétérogènes, en raison
non seulement de la progression virale dans les voies respiratoires inférieures
mais aussi d'une réponse inflammatoire exacerbée. Les enfants restent le plus
souvent asymptomatiques ou paucisymptomatiques, suggérant qu’il puisse exister
dans cette population une réponse immunitaire innée locale plus efficace, au
niveau de la muqueuse nasopharyngée. Plusieurs études ont souligné le rôle
de l'interféron (IFN)-I et de l'IFN-III dans la protection contre le
SARS-CoV-2. Les interférons ont une puissante activité antivirale naturelle,
mais leur mode d’action peut différer selon la spécificité de l’interféron. Il
a d’ores et déjà été proposé que l'IFN-I induit des réponses systémiques alors
que les réponses induites par l'IFN-III sont limitées à la muqueuse des
cellules cibles infectées par le virus. Le concept actuel est qu'une
réponse IFN-I retardée ou faible ne parvient pas à contrôler la réplication
virale et favorise la persistance virale, une inflammation constante et des
réponses immunitaires adaptatives réduites.
Outre l'IFN-I et l'IFN-III, l'immunité innée comprend également des molécules impliquées dans la reconnaissance des micro-organismes pathogènes, pouvant empêcher l’entrée intra-cellulaire virale, faciliter l’élimination des virus opsonisés, inhiber la réplication virale, altérer la membrane virale, réduisant ainsi l'infectivité virale. Ces molécules exercent un rôle protecteur dans l'ensemble des voies respiratoires et sont actives contre de nombreux virus. Or, l'expression et le rôle des peptides antiviraux lors de l'infection à SARS-CoV-2 ont jusqu'à présent été peu étudiés.
L'objectif de cette étude dont les résultats ont été publiés récemment dans la revue Frontiers in Immunology, et menée par des scientifiques de l’Inserm, du CHU d’Angers, membres du Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers ; était d'identifier les molécules intervenant dans l'immunité innée, sélectionnées au point d'entrée du SARS-CoV-2 dans la muqueuse nasopharyngée. Les chercheurs ont donc comparé l'expression de l'IFN-I, de l'IFN-III et des peptides antiviraux dans des échantillons nasopharyngés d'individus d’âge divers, infectés ou non par le SARS-CoV-2, symptomatiques ou asymptomatiques.
Deux-cent-vingt-six individus ayant réalisé un test PCR entre mars 2020 et mars 2021 ont été inclus. Parmi eux, 147 étaient positifs pour le SARS-CoV-2. Il a été montré que l'infection par le SARS-CoV-2 régule différemment l'expression de l'ARNm de l'IFN-I et de l'IFN-III en fonction de l'âge. En effet, l'expression des transcrits IFN-I était plus élevée chez les sujets adultes (15-65 ans) et âgés (≥ 65 ans) infectés par le SARS-CoV-2 que chez les sujets pédiatriques (≤15 ans). En revanche, chez les sujets pédiatriques, seul le niveau du transcrit IFN-III a semblé augmenter de manière significative lors de l'infection par le SARS-CoV-2.
L'expression de ces molécules innées n'était pas associée au sexe ni aux symptômes.
Les résultats de cette étude montrent que les profils d'expression de l'IFN-I/-III et de certaines molécules antivirales dans la muqueuse nasopharyngée des sujets infectés par le SARS-CoV-2 diffèrent selon l'âge et suggèrent que la susceptibilité au SARS-CoV-2 peut être liée à des différences intrinsèques dans la nature de l'immunité innée antivirale muqueuse. Les enfants répondraient donc à l'infection par une expression accrue d'IFN-III. Comme l'IFN-III est associé à une protection efficace localement des muqueuses des voies respiratoires supérieures en l'absence d'inflammation, et qu’a contrario l’INF-I est pro-inflammatoire avec une action plus systémique, ces différences pourraient en partie expliquer la raison pour laquelle les enfants restent moins sujets aux formes sévères/critiques de COVID-19. Une étude prospective permettra d'évaluer le potentiel prédictif de la signature cytokinique sur l'évolution de l'infection chez des sujets jeunes versus adultes.
Outre l'IFN-I et l'IFN-III, l'immunité innée comprend également des molécules impliquées dans la reconnaissance des micro-organismes pathogènes, pouvant empêcher l’entrée intra-cellulaire virale, faciliter l’élimination des virus opsonisés, inhiber la réplication virale, altérer la membrane virale, réduisant ainsi l'infectivité virale. Ces molécules exercent un rôle protecteur dans l'ensemble des voies respiratoires et sont actives contre de nombreux virus. Or, l'expression et le rôle des peptides antiviraux lors de l'infection à SARS-CoV-2 ont jusqu'à présent été peu étudiés.
L'objectif de cette étude dont les résultats ont été publiés récemment dans la revue Frontiers in Immunology, et menée par des scientifiques de l’Inserm, du CHU d’Angers, membres du Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers ; était d'identifier les molécules intervenant dans l'immunité innée, sélectionnées au point d'entrée du SARS-CoV-2 dans la muqueuse nasopharyngée. Les chercheurs ont donc comparé l'expression de l'IFN-I, de l'IFN-III et des peptides antiviraux dans des échantillons nasopharyngés d'individus d’âge divers, infectés ou non par le SARS-CoV-2, symptomatiques ou asymptomatiques.
Deux-cent-vingt-six individus ayant réalisé un test PCR entre mars 2020 et mars 2021 ont été inclus. Parmi eux, 147 étaient positifs pour le SARS-CoV-2. Il a été montré que l'infection par le SARS-CoV-2 régule différemment l'expression de l'ARNm de l'IFN-I et de l'IFN-III en fonction de l'âge. En effet, l'expression des transcrits IFN-I était plus élevée chez les sujets adultes (15-65 ans) et âgés (≥ 65 ans) infectés par le SARS-CoV-2 que chez les sujets pédiatriques (≤15 ans). En revanche, chez les sujets pédiatriques, seul le niveau du transcrit IFN-III a semblé augmenter de manière significative lors de l'infection par le SARS-CoV-2.
L'expression de ces molécules innées n'était pas associée au sexe ni aux symptômes.
Les résultats de cette étude montrent que les profils d'expression de l'IFN-I/-III et de certaines molécules antivirales dans la muqueuse nasopharyngée des sujets infectés par le SARS-CoV-2 diffèrent selon l'âge et suggèrent que la susceptibilité au SARS-CoV-2 peut être liée à des différences intrinsèques dans la nature de l'immunité innée antivirale muqueuse. Les enfants répondraient donc à l'infection par une expression accrue d'IFN-III. Comme l'IFN-III est associé à une protection efficace localement des muqueuses des voies respiratoires supérieures en l'absence d'inflammation, et qu’a contrario l’INF-I est pro-inflammatoire avec une action plus systémique, ces différences pourraient en partie expliquer la raison pour laquelle les enfants restent moins sujets aux formes sévères/critiques de COVID-19. Une étude prospective permettra d'évaluer le potentiel prédictif de la signature cytokinique sur l'évolution de l'infection chez des sujets jeunes versus adultes.
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