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HBsAg et immunité : un frein ou un allié contre l’hépatite B ?

Infectiologie

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L’hépatite B chronique (HBV) est une infection virale persistante qui affecte plus de 300 millions de personnes dans le monde. Malgré les avancées thérapeutiques, la guérison fonctionnelle du virus reste un objectif difficile à atteindre, les traitements actuels ne permettant que de contrôler la réplication virale sans éliminer complètement l’infection. L’un des principaux obstacles à cette guérison est l’antigène de surface du virus de l’hépatite B (HBsAg), une protéine produite en grande quantité par les cellules infectées. Des études suggèrent que cet antigène pourrait jouer un rôle clé dans l’évasion virale en perturbant la réponse immunitaire. Les mécanismes précis impliqués restent flous.


Cette étude se penche sur l’influence des niveaux de HBsAg sur l’immunité anti-HBV. En particulier, elle analyse comment cette protéine impacte l’expression génique et le fonctionnement des principales cellules immunitaires impliquées dans le contrôle du virus :

  • Cellules NK, essentielles pour l’élimination des cellules infectées ;
  • Lymphocytes T CD8, responsables de la réponse cytotoxique ;
  • Cellules B mémoire, impliquées dans la production d’anticorps à long terme.

L’objectif est d’identifier comment HBsAg module ces réponses immunitaires et d’explorer de nouvelles pistes pour améliorer l’efficacité des stratégies thérapeutiques visant à restaurer une immunité fonctionnelle contre l’HBV.


Le HBsAg bloque-t-il vraiment l’immunité ?

L’étude repose sur l’analyse de 18 patients atteints d’hépatite B chronique sous traitement par NUC. Les participants ont été divisés en deux groupes selon leurs niveaux de HBsAg :

  • Groupe HBsAg élevé : 920-12 447 UI/ml
  • Groupe HBsAg bas : 1-100 UI/ml

L’expression génique des cellules immunitaires a été étudiée à partir d’échantillons sanguins et de biopsies hépatiques, grâce au séquençage ARN unicellulaire (scRNA-seq). Les chercheurs ont analysé la composition des sous-populations immunitaires et identifié les modifications génétiques associées à différents niveaux de HBsAg.


Les patients ayant un faible taux de HBsAg présentent une proportion plus élevée de cellules NK dites "adaptatives" (KLRC2+), connues pour leur rôle antiviral. En revanche, ces cellules sont nettement moins présentes chez les patients ayant un HBsAg élevé. Par ailleurs, les lymphocytes T CD8 (KLRG1+) des patients avec un faible HBsAg montrent une activation accrue, suggérant une réponse immunitaire plus efficace. Dans le foie, un taux élevé de HBsAg est associé à une activation modérée des cellules mémoire B, sans provoquer de suppression immunitaire notable.


Ces résultats renforcent l’hypothèse selon laquelle le HBsAg influence directement la réponse immunitaire et pourrait être un frein à l’élimination du virus. Cette étude apporte ainsi un éclairage nouveau sur l’impact du HBsAg et ouvre la voie à des stratégies visant à restaurer une immunité efficace contre le HBV.


Repenser les stratégies contre l’hépatite B

Le HBV est une infection virale persistante qui touche plus de 300 millions de personnes dans le monde. Malgré les avancées thérapeutiques, les traitements actuels ne permettent que de contrôler la réplication virale, sans éliminer complètement l’infection. L’un des principaux défis reste l’évasion immunitaire orchestrée par le virus, en grande partie attribuée à l’antigène HBsAg. Ce dernier est suspecté d’altérer la réponse immunitaire, limitant ainsi l’efficacité des stratégies antivirales existantes.

Les approches thérapeutiques actuelles visant à éliminer le HBsAg reposent sur l’hypothèse qu’il induit une immunosuppression généralisée. Les mécanismes précis de cette modulation immunitaire restent mal compris. Cette étude avait pour but d’analyser comment différents niveaux de HBsAg influencent l’expression génique des cellules immunitaires impliquées dans le contrôle du virus.


Les résultats suggèrent que l’effet immunomodulateur du HBsAg est très ciblé. Il ne semble pas provoquer d’immunosuppression globale, mais affecte sélectivement certaines sous-populations immunitaires. En particulier, un faible niveau de HBsAg est associé à une meilleure activation des cellules NK adaptatives et des lymphocytes T CD8, ce qui pourrait favoriser une réponse immunitaire plus efficace contre le virus.


Cette étude, menée sur un échantillon restreint, nécessite une validation sur des cohortes plus larges. De plus, elle n’évalue pas l’impact clinique des altérations immunitaires observées, limitant l’interprétation des résultats à long terme. Ces découvertes remettent en question l’idée qu’une simple réduction du HBsAg suffirait à restaurer l’immunité antivirale. Les recherches futures devront combiner son élimination avec des approches immunomodulatrices pour renforcer la réponse immunitaire et explorer de nouvelles cibles thérapeutiques en vue d’une guérison fonctionnelle du HBV.




Source(s) :
Beudeker, B. J., et al. (2024). Association of HBsAg levels with differential gene expression in NK, CD8 T, and memory B cells in treated patients with chronic HBV. JHEP Reports, 6(2), 100980 ;

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