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26/03/2025

Vol spatial = anémie programmée ?

Hématologie

#Anémie #Espace #Microgravité #Hémolyse #RBC #Astronautes  


L’anémie spatiale est un phénomène bien connu chez les astronautes, observé dès les premières missions habitées. Elle se manifeste par une diminution du nombre de globules rouges et de la concentration en hémoglobine, qui peut affecter la capacité de transport de l’oxygène, la performance physique et la récupération après le retour sur Terre. Jusqu’à récemment, cette anémie était considérée comme transitoire et d’adaptation, principalement due à des modifications précoces du volume plasmatique et à une réduction temporaire de l’érythropoïèse liée à la microgravité.


De nouvelles données cliniques démontrent toutefois que l’anémie persiste bien au-delà des premières semaines de vol spatial, et parfois plusieurs mois après le retour. Ces données suggèrent l’existence d’un mécanisme pathologique actif et prolongé, qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la santé des astronautes.

Dans ce contexte, cette étude vise à déterminer si l’hémolyse — c’est-à-dire la destruction accrue des globules rouges — est un mécanisme central de l’anémie spatiale persistante.
 


L’espace détruit-il nos globules rouges ?


14 astronautes
ayant effectué des missions de 167 ± 31 jours entre 2015 et 2020 ont été inclus à l’étude. Des échantillons d’air alvéolaire, d’air ambiant et de sang ont été recueillis avant, pendant et jusqu’à un an après le vol. Le CO endogène expiré, principal marqueur de dégradation de l’hémoglobine, a été mesuré pour évaluer l’intensité de l’hémolyse.


Les résultats montrent une augmentation de 54 % de l’élimination du CO pendant le séjour spatial, signe d’une hémolyse persistante tout au long de la mission. Cette hémolyse est toujours observée au 157ème jour, bien après les adaptations initiales liées aux changements de fluides. L’hémolyse semble donc indépendante des niveaux d’EPO et des volumes plasmatiques.


En parallèle, l’étude montre que les marqueurs sanguins liés à la dégradation de l’hémoglobine sont systématiquement élevés en vol, traduisant une hémolyse accrue. À 4 jours post-vol, ces taux chutent fortement, en lien avec le retour à la gravité terrestre. Toutefois, même un an après, certains marqueurs restent altérés. Le CO expiré reste 30 % plus élevé, les réticulocytes augmentés de 16 %, et la concentration en hémoglobine de 3,5 %. Ces résultats confirment des effets durables de la microgravité sur la régulation érythrocytaire.
 


Voler, mais à quel prix ?


L’anémie spatiale est un effet bien connu des vols habités, marqué par une baisse des globules rouges pendant et après le séjour en orbite. Considérée jusqu’ici comme une réponse transitoire à la microgravité, elle persiste parfois au-delà des premières semaines de vol, voire plusieurs mois après le retour sur Terre. Un des défis majeurs réside dans la compréhension de ses mécanismes durables.

Cette étude avait pour objectif de déterminer si l’hémolyse pouvait être un mécanisme central de l’anémie spatiale. Les résultats montrent une augmentation marquée et prolongée de l’hémolyse pendant toute la durée du vol, indépendante des changements de fluides ou des taux d’érythropoïétine. Même un an après le retour, les marqueurs restent partiellement altérés, suggérant un effet durable de la microgravité sur l’équilibre érythrocytaire.


Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles recherches sur les mécanismes d’adaptation hématologique en microgravité. Ils soulignent la nécessité de stratégies de suivi et de contre-mesures ciblées pour préserver l’intégrité érythrocytaire lors des missions longues, notamment en vue des futurs voyages habités vers Mars.


À lire également : L’anémie chez les patients diabétiques de type 2 et insuffisants rénaux

 

Source(s) :
Trudel, G., et al. (2022). Hemolysis contributes to anemia during long-duration space flight. Nature Medicine, 28(1), 59-62 ;

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