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25/03/2025

Reins sous tension ?

Oncologie Néphrologie

#CancerColorectal #AKI #Chirurgie #RisqueOpératoire #FacteursDeRisque #SoinsPostOpératoires


L’insuffisance rénale aiguë (AKI) survenant après une intervention chirurgicale est une complication fréquente, en particulier dans les chirurgies majeures comme celles pratiquées en oncologie digestive. Elle est associée à une mortalité accrue, à des durées d’hospitalisation prolongées, à un risque plus élevé de réadmissions, ainsi qu’à un retour à domicile retardé. Dans le contexte du cancer colorectal, qui figure parmi les cancers les plus fréquents et les plus meurtriers dans le monde, l’AKI constitue un enjeu encore sous-estimé.


Bien que souvent transitoire, l’AKI postopératoire peut évoluer vers une insuffisance rénale chronique, avec des conséquences à long terme sur la qualité de vie et le pronostic global du patient. L’incidence rapportée de l’AKI après chirurgie colorectale varie largement dans la littérature, allant de 1 % à plus de 20 %, selon les définitions utilisées et les populations étudiées. Cette variabilité reflète un manque de consensus sur les facteurs de risque précis, rendant difficile la mise en place de stratégies de prévention efficaces.


Dans ce contexte, cette méta-analyse a été initiée pour recenser et identifier les facteurs de risque les plus fréquemment associés à l’AKI postopératoire chez les patients opérés pour un cancer colorectal. L’enjeu est d’améliorer la détection préopératoire des patients à risque, d’adapter la prise en charge périopératoire, et de réduire la morbidité postopératoire liée à cette complication rénale.
   

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Quels patients sont les plus à risque d’AKI après chirurgie ?


23 études
incluant 167 904 patients ayant subi une chirurgie pour cancer colorectal ont été sélectionnées. Pour être incluses, les études devaient définir clairement l’insuffisance rénale aiguë (AKI) selon les critères KDIGO ou AKIN, et fournir des données utilisables sous forme d’odds ratios (OR). Leur qualité méthodologique a été évaluée à l’aide de l’échelle Newcastle–Ottawa, assurant la fiabilité des résultats.


Ces travaux mettent en évidence plusieurs facteurs de risque significatifs d’AKI postopératoire, regroupés en trois grandes catégories. Sur le plan démographique, le sexe masculin, l’âge avancé et un IMC supérieur ou égal à 25 kg/m² sont associés à un risque accru. Sur le plan médical, des antécédents d’hypertension artérielle, de diabète, d’insuffisance rénale chronique ou une hypoalbuminémie préopératoire augmentent également ce risque. Du côté des caractéristiques chirurgicales, une chirurgie en urgence, une approche ouverte, une durée opératoire prolongée, un score ASA ≥ 3 ou encore une transfusion peropératoire sont autant de facteurs associés à une hausse significative de l’incidence de l’AKI.


En revanche, l’anémie préopératoire et une créatininémie élevée avant l’intervention ne semblent pas être liées de manière significative au développement d’une AKI postopératoire. De façon comparable, la chirurgie ouverte et la transfusion sanguine augmentent nettement le risque d’AKI après chirurgie colorectale. Ces résultats montrent que le risque d’AKI dépend de plusieurs facteurs, certains modifiables, d’autres non, qu’il faut prendre en compte pour mieux gérer les patients opérés d’un cancer colorectal.

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Prévenir l’AKI : mission possible ?


L’insuffisance rénale aiguë après chirurgie colorectale est une complication fréquente et sérieuse, qui peut aggraver l’état du patient et ralentir sa récupération. Le vrai enjeu est de repérer rapidement les patients à risque, pour ajuster les soins et prévenir l’AKI, surtout chez des patients déjà affaiblis par le cancer et d’autres pathologies. Dans ce contexte, cette étude a été initiée pour identifier et quantifier les principaux facteurs de risque d’AKI après chirurgie pour cancer colorectal, afin d’orienter les pratiques cliniques vers une prise en charge plus ciblée et préventive.


Les résultats confirment que le risque d’AKI est multifactoriel. Il est influencé par le profil du patient, son état nutritionnel et rénal, ou encore des facteurs liés à l’intervention. Ces éléments offrent plusieurs points d’action pour réduire le risque. Des études prospectives, multicentriques et mieux standardisées sont nécessaires pour affiner ces résultats. À terme, une meilleure stratification du risque permettrait d’intégrer l’évaluation rénale dans les parcours préopératoires, et de mettre en place une prévention ciblée de l’AKI, indispensable pour améliorer la qualité des soins en oncologie digestive.
   




Source(s) :
Huang, L., et al. (2025). Risk factors for postoperative acute kidney injury in colorectal cancer: a systematic review and meta-analysis. International journal of colorectal disease, 40(1), 70 ;

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