12/05/2022
Endocrinologie et Métabolisme
Santé Publique et Médecine Sociale
Près de
deux tiers des adultes et un enfant sur trois des pays européens membres de
l'OMS sont en surpoids ou obèses, et ces taux ne cessent d'augmenter,
alerte l’OMS dans son nouveau rapport 2022 sur l’obésité. Aussi, « aucun
des 53 États membres de la région n'est actuellement en passe d'atteindre
l'objectif mondial de l'OMS relatif aux maladies non transmissibles consistant
à stopper la progression de l'obésité d'ici 2025 ». Cela n’est pas sans rappeler les conséquences sanitaires en
termes de morbi-mortalité (4ème rang des facteurs de risque de mortalité après
l’hypertension artérielle et le tabagisme), notamment cardio-vasculaire, métabolique, oncologique (pas moins de 13
néoplasies en lien avec l’obésité). L'obésité pourrait par
ailleurs dépasser le tabagisme en tant que principal facteur de risque de
cancer évitable dans les décennies à venir et serait susceptible d'être
directement responsable d'au moins 200 000 nouveaux cas de cancer par an dans
la région. Le surpoids et l'obésité seraient également le principal facteur de
risque d'invalidité, à l'origine de 7 % du nombre total d'années vécues avec
invalidité en Europe.
D’après le
rapport, la prévalence de l'obésité chez les adultes européens est plus
élevée que toute autre région de l'OMS, après l’Amérique. Les niveaux de prévalence sont plus élevés chez les hommes (63 %)
que chez les femmes (54 %), chez les patients ayant un faible niveau
d’éducation, et dans les pays aux plus hauts revenus, méditerranéens et
d'Europe orientale.
La
pandémie liée à la Covid-19 a sans grande surprise accéléré les choses. Les
patients souffrant d'obésité sont plus à risque de forme sévère d’infection à
SARS-CoV-2, et nombre de ces patients ont connu des perturbations dans l'accès
aux services dédiés de prise en charge de l'obésité. Par ailleurs, il est
évident que les individus ont davantage été exposés aux facteurs de risque
d'obésité, sédentarité ou alimentation déséquilibrée.
Le rapport
recommande une série d'interventions et d'options politiques pour les États
membres. L’obésité est une maladie multifactorielle complexe, justifiant
une prise en charge spécifique. Les interventions se doivent d’être globales,
toucher les individus tout au long de leur vie, et cibler les inégalités. Le
docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe
déclare : « En créant des environnements plus favorables, en
encourageant les investissements et l'innovation dans le domaine de la santé,
et en développant des systèmes de santé solides et résilients, nous pouvons
changer la trajectoire de l'obésité dans la région.» L’OMS recommande un
ensemble complet d’interventions. « Une politique unique ne
fonctionnera pas », ajoute le Dr Kremlin Wickramasinghe, à la tête
du bureau européen de l'OMS pour la prévention et la lutte contre les maladies
non transmissibles, et à l’origine de ce rapport européen. « La
restriction de la commercialisation d'aliments malsains auprès des enfants, la
taxation des boissons sucrées et l'amélioration de la réponse du système de
santé pour la prise en charge de l'obésité figurent actuellement parmi les
domaines d'action les plus activement discutés dans la région européenne de
l'OMS. »
Source(s) :
World Health Organization, 3 may 2022. Obesity causes cancer and is major determinant of disability and death, warns new WHO report ;
World Health Organization, 3 may 2022. New WHO report: Europe can reverse its obesity “epidemic. ;