Précédent Suivant

28/12/2022

L’évolution de la réponse immunitaire des enfants après une infection par le SARS-Cov2.

Allergologie et Immunologie Pédiatrie Infectiologie

Dans la majorité des cas, l’infection par le SARS-Cov2 chez l’enfant ou le jeune adulte est asymptomatique ou paucisymptomatique. La question de l’immunité persistante après l’infection est en cours d’étude chez l’adulte, et peu de données sont encore disponibles chez l’enfant. Compte tenu de l’évolution de l’infection chez l’enfant, et de la place des enfants dans la stratégie vaccinale contre la Covid-19, il parait pertinent de mieux comprendre l’immunité post-infection dans cette catégorie de population.  

A cette fin, des chercheurs allemands ont mené une étude sur la réponse immunitaire de 28 familles, comportant au moins un adulte ou un enfant atteint d’une infection bénigne et confirmée par le SARS-Cov2, suivies sur une durée totale de 12 mois. Dans ces 28 familles recrutées entre mai et juillet 2020, se trouvaient 61 adultes (âge moyen 44,8 ans) et 50 enfants (âge moyen 10,4 ans). Parmi eux, 31 adultes et 27 enfants étaient positifs au test PCR Covid au moment de l’inclusion dans l’étude. 93.5 % des adultes infectés et 66.7 % des enfants infectés ont développé une forme bénigne de la Covid-19, et 33.3 % des enfants une forme asymptomatique.  

Les analyses réalisées révèlent que la réponse immunitaire initiale chez l’enfant met en œuvre des plasmoblastes et des anticorps avec une faible fréquence des cellules B et T mémoires spécifiques du virus. Quatre mois après l’infection par le SARS-Cov2, les enfants présentent une réponse immunitaire différente de celle de leurs parents :  

- Une réponse anticorps spécifique accrue ; 
- Des réponses des lymphocytes B et T spécifiques de la protéine S1 plus faibles ;  
- Une sécrétion réduite de cytokines pro-inflammatoires.  
Au fil des mois, les anticorps spécifiques diminuent chez l’enfant, alors que les réponses des lymphocytes B et T spécifiques de S1 restent stables, mais les cellules changent de phénotype, avec une maturation évolutive. Chez les parents comme chez les enfants, l’activité et l’ampleur des anticorps neutralisants augmentent.  

Au terme du suivi, un an après l’infection par le SARS-Cov2, les chercheurs observent chez les enfants une augmentation du changement de classe IgA spécifique S1 et de l’expression de CD27 sur les cellules B spécifiques de S1 et la maturation des lymphocytes T. 

Cette nouvelle étude présente quelques limites, principalement des données obtenues rétrospectivement en ce qui concerne la confirmation de l’infection et les symptômes cliniques et le recrutement de familles ayant au moins un adulte ou un enfant infecté par le SARS-Cov2. En revanche, l’inclusion de plusieurs membres de mêmes familles, certains infectés, d’autres non, constitue une force pour l’étude, en limitant l’hétérogénéité environnementale et génétique susceptible d’influencer la réponse immunitaire.  

Ces nouvelles données mettent en évidence la persistance de la réponse immunitaire humorale et cellulaire spécifique au SARS-Cov2 chez les enfants comme chez les adultes, plus de 12 mois après une forme bénigne de la Covid-19. Chez l’enfant, la réponse immunitaire persiste, mais évolue notamment en termes de qualité. La réponse immunitaire chez l’enfant se caractérise par une maturation progressive des lymphocytes B et T spécifiques de la mémoire S1 et par un réglage de la réponse humorale (augmentation continue du pouvoir de neutralisation, changement de classe pour renforcer la protection des muqueuses). Ces résultats viennent appuyer le concept de rappel de vaccination après un épisode d’infection par le SARS-Cov2 pour renforcer la réponse de la mémoire cellulaire.  
 



Source(s) :
Source(s) : Eva-Maria Jacobsen and al. High antibody levels and reduced cellular response in children up to one year after SARS-CoV-2 infection. Nature Communications 13(7315). 28 November 2022. ;

Dernières revues


COVID-19 et paramètres de coagulation : un lien avec la mortalité ?

La pandémie de COVID-19, causée par le SARS-CoV-2, a entraîné des millions...

Entraînement de résistance et sclérose en plaques : une solution pour améliorer fonction et qualité de vie ?

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune chronique du syst...

Endométriose : impact des hormones, des comportements sexuels et des traitements chirurgicaux

L'endométriose est une maladie inflammatoire chronique modulée par les niv...