29/09/2022
L’administration de glutamine par voie entérale ne réduirait pas le temps d’hospitalisation des grands brûlés
Médecine Générale Dermatologie et Vénérologie
Les essais cliniques menés jusqu’ici sur la supplémentation en glutamine chez les grands brûlés ou les patients en état critique ont abouti à des données contradictoires concernant les bénéfices et les risques d’une supplémentation en glutamine. Les essais randomisés chez les patients brûlés ont suggéré une réduction significative de la mortalité, des infections et de la durée d’hospitalisation. Toutefois, sur d’autres patients en état critique, des résultats inverses ont été observés avec une augmentation de la mortalité. Dans une étude pilote menée au préalable (Critical Care Medicine, 2003, 31:2444), les auteurs de l’essai avaient mis en évidence un effet protecteur de la glutamine contre les bactériémies et une réduction significative de la mortalité.
Un nouvel essai clinique de phase 3, à plus large échelle, multicentrique, contrôlée contre placebo, en double aveugle, a été mené pour évaluer l’intérêt de la glutamine entérale chez des patients adultes atteints de graves brûlures thermiques pour réduire la mortalité hospitalière, diminuer les infections nosocomiales à Gram- et la durée de séjours en soins intensifs, améliorer l’état de santé des patients survivants et réduire le coût de la prise en charge.
Sur les 1 209 participants recrutés sur 80 sites (Canada, USA, Europe, Amérique latine), 1 209 ont été inclus dans l’essai :
- 596 dans le groupe « glutamine »
- 604 dans le groupe « placebo »
Les critères d’inclusion dans l’étude étaient un âge égal ou supérieur à 18 ans, des brûlures profondes du deuxième et/ou troisième degrés nécessitant des greffes de peau et un minimum de surface corporelle atteinte en fonction de l’âge :
- Entre 18 et 39 ans, au moins 20 % ;
- Entre 40 et 59 ans, au moins 15 %
- Au-delà de 60 ans, au moins 10 %.
Plusieurs critères ont été pris en compte : la mortalité, la mortalité hospitalière, l’incidence des bactériémies Gram-, la durée de la ventilation mécanique, la durée de séjour en soins intensifs, la durée d’hospitalisation. Le rapport coût-efficacité de la supplémentation en glutamine a également été déterminé.
Selon le groupe, les patients recevaient une dose de placebo ou une dose de glutamine, administré par la sonde gastrique toutes les 4 heures ou trois fois par jour par la bouche, à raison de 0.5 g/kg/jour pour les patients d’indice de masse corporelle inférieur à 35 (au-delà la dose administrée était ajustée à l’IMC). La glutamine était administrée dans les 72 premières heures après l’admission et jusqu’à 7 jours au moins après la dernière greffe de peau réussie ou jusqu’à la sortie des soins intensifs ou 3 mois après l’admission.
Sur les 1 200 patients inclus dans l’étude, la durée d’hospitalisation était en moyenne de 40 jours [24 à 87 jours] dans le groupe glutamine, contre 38 dans le groupe placebo [22 à 75 jours]. La mortalité à 6 mois était de 17,2 % dans le groupe glutamine, contre 16.2% dans le groupe placebo. Aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes concernant les effets indésirables. D’après les premiers résultats de ce nouvel essai clinique, la supplémentation en glutamine ne permet pas de réduire la durée d’hospitalisation ou la mortalité chez les patients adultes grands brûlés.
Source(s) :
Daren K. Heyland et al. A Randomized Trial of Enteral Glutamine for Treatment of Burn Injuries. New England Journal of Medicine, September 2022. ;
The RE-ENERGIZE Study: Randomized Trial of Enteral Glutamine to minimize Thermal Injury (RE-ENERGIZE). ;
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