Ainsi, une
cohorte de 181 280 patients américains testés positifs pour le
SARS-CoV-2 entre le 1er mars 2020 et le 30 septembre 2021, et non décédés à
J30 de l’infection, a été constituée à partir des bases de données de santé
nationales américaines. Cette cohorte a été comparée à un groupe contrôle
contemporain de participants inclus sur la même période (n=4 118 441); ainsi
qu’à un autre groupe contrôle cette fois historique inclus avant la pandémie
(n=4 286 911), entre le 1er mars 2018 et le 30 septembre 2019. Les deux
groupes témoins étaient tous deux négatifs pour le SARS-CoV-2. Tous les
participants étaient exempts de diabète avant l’inclusion, et ont été suivis
pendant une durée médiane de 352 jours (245-406). Concernant le groupe
infecté par la SARS-CoV-2, 162 096 patients ont été traités en ambulatoire, 15
078 ont été hospitalisés à la phase aiguë de Covid-19 en unité conventionnelle
et 4 106 ont été admis en unité de soins intensifs. Les risques, ajustés sur
les variables confondantes, de diabète incident au-delà la phase aiguë de
Covid-19, de recours aux traitements antidiabétiques et d’un composite de ces
deux résultats ont été estimés via des analyses de survie pondérées. Par
ailleurs, l’excès de risque défini par la différence entre les taux
d'événements incidents pour 1000 personnes à 12 mois dans les groupes Covid-19
et témoins a également été estimé.
Au-delà de la
phase aiguë de la maladie (post J30), les patients atteints de Covid-19
présentaient un risque accru (HR : 1,40, IC95 % :
1,36-1,44) et un excès de risque de 13,46 pour 1000 personnes à 12 mois
(IC95 % : 12,11-14,84) de diabète incident, en comparaison
au groupe contrôle contemporain. Le risque de recours aux traitements
antidiabétiques était également majoré (HR : 1,85, IC95 % :
1,78-1,92). Concernant le critère composite, le risque a été estimé à 1,46
(IC95 % : 1,43-1,50) avec un excès de risque de 18,03 (IC95 %
: 16,59-19,51) pour 1000 personnes à 12 mois. Ces risques significatifs étaient
majorés graduellement selon la sévérité initiale de la maladie, que les
patients aient été traités en ambulatoire, hospitalisés en unité de soins
conventionnels, ou admis en soins intensifs. Tous ces résultats étaient
cohérents, indépendamment du groupe contrôle étudié.
Cette étude
soutient les preuves existantes, à savoir une exposition accrue à un risque
de diabète dans les 12 mois suivant la phase aiguë de Covid-19 (post J30).
Ce risque est significatif chez les patients ne justifiant pas d’une prise en
charge initiale en hospitalisation, et augmente en fonction de la sévérité
initiale de la maladie (telle qu’approchée dans cette étude par le recours à
une hospitalisation et le type d’admission). Le ou les mécanismes qui
sous-tendent l'association entre Covid-19 et diabète ne sont pas clairs. Plusieurs
hypothèses physiopathologiques sont évoquées par les auteurs : réplication
du SARS-CoV-2 dans les cellules β pancréatiques entrainant une altération de la
production et de la sécrétion d’insuline, dysautonomie, auto-immunité,
inflammation persistante à bas bruit conduisant à l’insulino-résistance etc. Ce
qui doit dans tous les cas retenir l’attention est que le diabète devrait vraisemblablement
s’associer au panel d’atteintes systémiques en rapport avec le Covid-long et
que son dépistage pourrait s’intégrer dans la stratégie de prise en charge
post-Covid-19.