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Le cancer de l’ovaire est une pathologie grave, souvent diagnostiquée à un stade avancé, rendant son traitement difficile. L’immunothérapie, qui vise à stimuler le système immunitaire pour lutter contre le cancer, représente un espoir pour améliorer les résultats des traitements. Plus spécifiquement, la combinaison de l’immunothérapie avec les traitements actuels (inhibiteurs de PD-1 tels que le pembrolizumab), suscite un intérêt croissant dans la recherche clinique. Néanmoins, bien que le cancer ovarien, en particulier le carcinome séreux de haut grade (HGSC), soit caractérisé par une forte immunogénicité, les réponses aux traitements par blocage de PD-1 restent limitées, avec des taux de survie peu améliorés.

Cette étude a donc été initiée de sorte à non seulement explorer les mécanismes d'immunorésistance dans le cancer de l'ovaire, mais également proposer des pistes pour améliorer l'efficacité de l'immunothérapie.

Quels effets pour le traitement combiné NACT + Pembrolizumab ?

Les chercheurs ont analysé des échantillons de tumeurs provenant d’une étude clinique de phase II, dont l’objectif était d’évaluer l’efficacité de la combinaison de la chimiothérapie néoadjuvante (NACT) et du pembrolizumab  dans le traitement du cancer de l'ovaire de haut grade. Ils ont utilisé une approche multi-omique, combinant l’analyse transcriptomique et l’immunofluorescence multi-couleurs, pour comprendre l’impact du traitement sur le microenvironnement tumoral et identifier des biomarqueurs prédictifs de réponse à l'immunothérapie.


L’étude a tout d’abord révélé que la combinaison NACT/pembrolizumab est associé à une augmentation significative du nombre de cellules T intra-épithéliales CD8+PD-1+ dans le microenvironnement tumoral, un marqueur de l’activation immunitaire.

Aussi, certaines signatures moléculaires ont été associées à une résistance accrue au traitement combiné. L’expression élevée de VEGFR2 sur les cellules endothéliales tumorales est par exemple liée à une infiltration immunitaire diminuée et à une survie réduite chez les patients sous traitement combiné. De manière équivalente, des niveaux élevés de macrophages de type M2, qui contribuent à un microenvironnement suppressif, ont montré une association avec la résistance immunitaire et une survie plus courte. Enfin, le ratio d’expression CD8B/FOXP3 et l’association des signatures géniques endothéliale et monocytique se sont révélés prédictifs de la réponse au traitement combiné, avec une précision élevée (AUC = 0,93).


De nouvelles pistes pour améliorer l'efficacité de l'immunothérapie dans le cancer de l’ovaire


Cette étude souligne l'importance du microenvironnement tumoral dans la réponse au traitement par immunothérapie dans le cancer de l'ovaire.

En ciblant spécifiquement les cellules T régulatrices et les cellules endothéliales VEGFR2+, il serait possible de surmonter certains mécanismes d'immunorésistance et d'améliorer l'efficacité des traitements. Des approches thérapeutiques combinées et le développement d'inhibiteurs de VEGFR2 représentent ainsi des pistes prometteuses pour maximiser les bénéfices cliniques de l'immunothérapie dans le cancer de l’ovaire.

Source(s) :
Le Saux, O., Ardin, M., Berthet, J. et al. Immunomic longitudinal profiling of the NeoPembrOv trial identifies drivers of immunoresistance in high-grade ovarian carcinoma. Nat Commun 15, 5932 (2024) ;

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