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14/02/2025

MicroARN & microbiote : un duo inflammatoire ?

Gastro-entérologie et Hépatologie

#MicroARN  #Microbiote  #MICI  #Immunothérapie  #Innovation

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, sont caractérisées par une inflammation persistante du tube digestif, associée à une altération de l’équilibre du microbiote intestinal. Cette dysbiose, combinée à une réponse immunitaire exacerbée, contribue à la chronicité des symptômes et complique la prise en charge des patients.


Des recherches récentes suggèrent que les microARN (miARN) fécaux, en particulier let-7b et miR-21, pourraient jouer un rôle central dans la régulation des interactions entre l’hôte et son microbiote intestinal. Ces petites molécules régulatrices, connues pour leur implication dans les processus inflammatoires et immunitaires, influenceraient directement la composition et l’activité du microbiote intestinal. Cependant, les mécanismes précis par lesquels let-7b et miR-21 modulent l’équilibre microbien et l’inflammation intestinale restent encore largement méconnus.


Cette étude explore comment les microARN fécaux let-7b et miR-21 modulent l’interaction entre l’hôte et le microbiote intestinal, influençant ainsi l’inflammation dans les MICI.

À lire également : Stress Post-Traumatique, Microbiote Intestinal et Inflammation : Une Interconnexion Complexe

Les microARN, chefs d’orchestre de l’inflammation intestinale ?

Pour examiner l’influence des microARN sur le microbiote intestinal et l’inflammation dans les MICI, cette étude a combiné des analyses in vitro et in vivo. Des échantillons fécaux de patients atteints de MICI ont été analysés pour identifier les microARN impliqués dans l’inflammation intestinale. En parallèle, des modèles murins de colite chronique (souris IL-10⁻/⁻) ont également été portés à l’étude. L’influence directe de let-7b et miR-21 sur la composition et l’activité du microbiote humain a été explorée à l’aide d’un modèle de culture bactérienne (MiniBioReactor Array). Des expériences in vivo ont été menées sur des souris, avec l’administration de ces microARN afin d’évaluer leurs effets sur l’intégrité de la barrière intestinale et la réponse immunitaire. Enfin, l’inhibition de let-7b et miR-21 par des anti-miARN a été testée pour examiner son potentiel thérapeutique dans la modulation de l’inflammation intestinale.

Les analyses ont montré une augmentation significative des niveaux de let-7b et de miR-21 dans les selles des patients atteints de MICI. In vitro, ces microARN ont modifi
é la composition du microbiote en favorisant la prolifération de bactéries pro-inflammatoires et en réduisant les populations bénéfiques. In vivo, ladministration de let-7b a induit des altérations durables du microbiote intestinal et une inflammation chronique de faible intensité, tandis que miR-21 a compromis la perméabilité intestinale, entraînant une inflammation aiguë. Enfin, l’inhibition de ces microARN a permis de réduire l’inflammation intestinale et d’améliorer la fonction de la barrière intestinale, suggérant une potentielle approche thérapeutique pour les MICI en ciblant directement ces régulateurs moléculaires.


Vers une nouvelle cible thérapeutique contre les MICI ?

Les MICI, comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, sont caractérisées par une inflammation persistante et une altération du microbiote intestinal. Malgré les avancées thérapeutiques, leur prise en charge reste complexe. Cela s’explique d’abord par la variabilité des réponses aux traitements mais aussi par l’absence de thérapies curatives. L’identification de nouveaux mécanismes impliqués dans l’inflammation intestinale est essentielle pour développer des approches thérapeutiques ciblées et durables.

Cette étude visait à explorer le rôle des microARN fécaux, let-7b et miR-21, dans la modulation de l’inflammation intestinale et de la composition du microbiote. En combinant des analyses in vitro et in vivo, les chercheurs ont examiné comment ces microARN influencent les interactions entre l’hôte et son microbiote, et évalué l’impact de leur inhibition sur la réponse inflammatoire.


Les résultats montrent que let-7b et miR-21 exercent des effets distincts mais complémentaires sur l’inflammation intestinale. Let-7b modifie la composition du microbiote et augmente son potentiel pro-inflammatoire, tandis que miR-21 altère la barrière intestinale, favorisant une inflammation plus aiguë. L’inhibition de ces microARN réduit significativement l’inflammation et améliore l’intégrité intestinale, suggérant une nouvelle approche thérapeutique pour les MICI.


Cette étude présente certaines limites, notamment un nombre restreint de patients et de modèles expérimentaux, nécessitant des validations sur des cohortes plus larges. De plus, les interactions entre les microARN, le microbiote et l’immunité intestinale restent à clarifier avant une application clinique. À l’avenir, des recherches devront affiner les stratégies d’inhibition des microARN et tester leur efficacité dans des essais cliniques. Combinées à des thérapies modulant le microbiote, ces approches pourraient aboutir à des traitements plus ciblés et personnalisés pour les patients atteints de MICI.

À lire également : Efficacité et innocuité de l’etrolizumab dans le traitement des maladies inflammatoires de l’intestin : une méta-analyse


Source(s) :
Casado-Bedmar, et al. (2024). Fecal let-7b and miR-21 directly modulate the intestinal microbiota, driving chronic inflammation. Gut Microbes, 16(1), 2394249 ;

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